La station balnéaire de Toba

Les Ama, les perles et la gastronomie

La ville de Toba

La ville de Toba, située sur la partie nord de la péninsule de Shima, à l’extrémité orientale de la préfecture de Mie, s’ouvre sur la baie d’Ise et, par- delà la mer de Kumano, sur l’océan Pacifique. Composée d’une partie de la péninsule et des quatre îles habitées que sont Kamishima, Tôshijima, Sugashima et Sakatejima, elle s’étend sur une superficie de 107,34 kilomètres carrés, recouverte à 70 % de forêts. Seul le littoral est relativement plat, le reste de la commune étant constitué de collines aux pentes abruptes qui se colorent de rose pâle au printemps quand fleurissent les cerisiers, avant d’offrir mille nuances de vert l’été et des feuillages flamboyants à l’automne. Ces collines s’étendent jusqu’à la côte, en falaises aux lignes découpées qui dessinent de magnifiques rias ; la zone dans son ensemble appartient au Parc national d’Ise- Shima créé en 1946.

Sur ce littoral réputé depuis toujours pour ses eaux poissonneuses, les plongeuses AMA pratiquent la pêche en apnée depuis plus de 2000 ans, entre autres techniques de pêche. Les produits de la mer tirés de ces eaux, à commencer par de délicieux ormeaux et langoustes, sont servis dans les établissements hôteliers de la ville, où l’on peut également se détendre dans d’abondantes eaux thermales.

Dans les eaux de Toba que Kokichi Mikimoto, le fondateur de la marque de perles mondialement connue MIKIMOTO, a été le premier au monde à élever des perles de culture, une histoire relatée sur « l’île des perles Mikimoto », un îlot en bordure de la ville où l’on peut tout apprendre sur la perliculture et les perles. La région offre également de nombreuses autres activités touristiques, à commencer par un immense aquarium et des promenades en bateau.

Plongée dans le quotidien des AMA

Le 20 mai 2019, le ministère de la Culture a inscrit « Toba et Shima, villes des ama, les pêcheuses en apnée professionnelles » au patrimoine du Japon.

Les ama sont des plongeuses en apnée professionnelles, spécialisées dans la pêche de coquillages et d’algues reposant sur les fonds marins. Le site de Shirahama à Uramura dans la ville de Toba, ancien de plus de trois mille ans, a livré de grandes quantités de coquilles d’ormeaux et des crochets à ormeaux fabriqués dans des bois de cerfs, preuve de l’activité des ama dans ces temps reculés. Le Man’yôshû, plus ancien recueil de poésie japonaise (compilé entre 759 et 780), renferme 82 poèmes qui leur sont consacrés.

Le Parc national d’Ise-Shima auquel est rattachée la ville de Toba, à 150 kilomètres au sud-est de Kyoto, est l’un des 34 parcs nationaux du Japon. Ce « pays du soleil levant », niché dans l’écrin d’une immense forêt de 5 500 hectares, est une zone sacrée qui abrite en son cœur le sanctuaire d’Ise où sont révérés les ancêtres de l’empereur du Japon. Les falaises qui surplombent le littoral accueillent de nombreux oiseaux et nourrissent en minéraux la mer qui regorge de poissons, coquillages et algues. Les ormeaux pêchés par les ama, depuis longtemps sur la liste des offrandes officielles destinées au sanctuaire d’Ise, sont un véritable trésor.

Les ama, dont le nom signifie littéralement « femmes de la mer », vivent ainsi depuis plus de deux mille ans à Toba et dans sa région, où elles maintiennent des traditions bien vivantes. Sans relâche, elles plongent en apnée dans une eau à 16 degrés à la recherche d’algues, d’oursins et bien entendu des précieux ormeaux qu’elles vont ramasser dans les roches qui tapissent les fonds marins.

Le produit de la pêche des ama est servi dans les hôtels et restaurants de la région ou envoyé dans les grandes villes voisines, où ces algues et coquillages sont prisés pour leur fraîcheur.

Ishigami-san, le sanctuaire des femmes

Au cœur de ce « pays du soleil levant » sacré, le sanctuaire Shinmei, à Ôsatsu dans la ville de Toba, abrite en son sein un discret édifice, un peu à l’écart : l’Ishigami-san, consacré à la déesse Tamayori, protectrice des femmes.

C’est à lui que les plongeuses, qui flirtent au quotidien avec le danger, confient leur protection. L’Ishigami est également une divinité protectrice des ama ; la légende veut qu’il accorde un souhait à chaque femme, ce qui lui vaut des visiteuses venues de tout le Japon. Les symboles dôman et sêman, dessinés sur les pierres présentes un peu partout le long de l’allée qui mène au sanctuaire, sont des porte-bonheur censés protéger les ama lorsqu’elles plongent.

Les perles

Mer d’Ise ama de Shima et perles d’ormeaux une fois cueillies ne continuent-elles pas à les aimer

(Man’yôshû 7-1322, auteur inconnu)

« Les perles trouvées dans les ormeaux ramassés en mer par les plongeuses d’Ise, une fois entre leurs mains, font toujours l’objet de leur amour. » Ce poème compare la femme à une perle d’ormeau, suggérant entre les lignes que même une fois liés, les amants continuent de s’aimer. Dans les temps anciens, bien avant le développement de la culture perlière, des perles naturelles se formaient parfois dans les ormeaux et les perles Akoya. Les plongeuses qui les trouvaient en faisaient offrande au sanctuaire d’Ise, dit-on. Cette précieuse perle évoque ici l’être aimé, et l’amour encore plus fort qui lie les amants qui se sont donnés l’un à l’autre.

Dans le Man’yôshû déjà, certains poèmes évoquent les ormeaux récoltés par les ama et les perles naturelles qu’ils renfermaient parfois. C’est dans cet environnement, celui de la ville de Toba, qu’est né et a grandi le fondateur de la Maison MIKIMOTO, Kokichi Mikimoto, surnommé le « roi de la perle ». Il a consacré son existence à la perliculture. En 1893, sur l’emplacement de l’actuelle île des perles Mikimoto à Toba, il est le premier à parvenir à créer une perle de culture, ce que personne au monde n’avait jamais réussi à faire. Il inscrit ainsi son nom dans l’histoire. Les ama de l’époque ont joué un rôle actif dans la culture perlière. Ce sont elles qui plongeaient à la recherche des huîtres Akoya dans lesquelles était introduite la particule donnant naissance à la perle, avant de partir les redéposer sur le sol marin. Elles se chargeaient également de mettre les huîtres à l’abri avant l’arrivée d’un typhon ou d’une tempête. Sans elles, la perliculture n’aurait jamais vu le jour.

Sur l’île des perles Mikimoto, on peut voir des ama plonger en apnée, mais aussi marcher dans les pas de Kokichi Mikimoto dans le musée qui lui est consacré, à travers une reconstitution de sa maison natale et une exposition de ses effets personnels. Le Musée des perles, quant à lui, permet de retracer l’histoire mondiale des perles. Enfin, une boutique propose bien entendu des perles de la marque MIKIMOTO, mais aussi des produits introuvables ailleurs.

Gastronomie et Onsens

A Toba, de nombreux hôtels et ryokan – les auberges japonaises – offrent une vue magnifique sur la mer. Les produits de la mer récoltés par les plongeuses ama et les pêcheurs y sont servis au dîner. Les sources chaudes sont l’occasion de prendre un bain relaxant, les yeux sur la mer au loin – un luxe sans pareil.

Accès

Contact

infotoba@toba.gr.jp en anglais uniquement